Prospective des Guerres, Crises et Résilience territoriale

L’axe 1 « Gouvernance des territoires et extrémisme violent transfrontalier » : L’Afrique fait face à des problèmes de sécurité consécutifs aux guerres, conflits et tensions de toute sorte, qui menacent dangereusement la stabilité des États, la paix et la quiétude des citoyens. Ces guerres, conflits et tensions revêtent des visages multiples et variés, allant des conflits inter-ethniques aux guerres intraétatiques en passant par les soulèvements populaires, les affrontements interreligieux, les attentats, les rébellions, et plus récemment le djihadisme débordant le cadre des frontières fixées par la colonisation. Cette thématique tente de saisir la manière dont l’avènement du djihadisme se fait ressentir au niveau local, notamment sur le vécu des populations, mais aussi sur les initiatives publiques visant le développement et la prévention des conflits. En Côte d’Ivoire, les localités frontalières du Nord subissent régulièrement depuis quelques années les assauts des groupuscules djihadistes en provenance des pays de l’hinterland dont le Burkina Faso et le Mali. Ces évènements mettent à mal les systèmes locaux de gouvernance et contribuent à l’exacerbation de tensions communautaires qui feront dans cet axe l’objet de réflexions approfondies pour éventuellement dégager des esquisses de solutions.

L’axe 2 « Guerre, mécanisme endogène de résolution et résilience communautaire » : Il existe une littérature abondante sur les mécanismes endogènes de résolutions des conflits en Afrique. En outre, leur capacité à pacifier les rapports sociaux à travers les siècles est largement partagée au sein de la communauté scientifique. Cependant, les initiatives qui en font la promotion et surtout qui favorise leur application sont très peu nombreuses. Cet axe, à travers ses actions, ambitionne de faire avancer la connaissance scientifique sur les mécanismes endogènes de résolution des conflits. Il contribuera par ailleurs à leur vulgarisation afin de les rendre accessibles aux populations ivoiriennes dont les jeunes constituent la frange la moins informée sur cet outil au service de la paix sociale. La consolidation de la paix sur le continent africain nécessite l’implication active de toutes les forces vives de la société dans les processus de négociation et à tous les niveaux de prise de décisions. Cependant, des gouvernements aux instances dirigeantes communautaires, les pesanteurs socioculturelles et les obstacles structurels empêchent la participation d’une partie importante des populations, dont les femmes, les jeunes et parfois, les allogènes et allochtones. L’exclusion de ces acteurs est souvent perçue comme l’une des causes de l’enlisement, voire de l’échec de plusieurs initiatives de règlement de conflit sur le continent. Ce point de vue s’est transformé en une rhétorique dont les organismes de défense des droits humains se sont fait les dépositaires.

L’axe 3 « Genre et consolidation de la paix post-crise », à travers ses actions entend contribuer à recentrer, sinon équilibrer le débat scientifique sur les réalités africaines concernant le rôle des hommes et des femmes dans les processus de recherche de la paix. Depuis l’ouverture au jeu démocratique dans les années 1990, les pays africains, pour la plupart ont connu des troubles politiques qui dans certains cas ont entrainé la désintégration de l’Etat. A ce jour, la compétition politique, du moins l’exercice de la démocratie rime avec la violence et le désordre car, en plus d’être de jeunes nations, nos pays n’ont pas encore rompu avec des formes anciennes de gestion du pouvoir lesquels sont dans la pratique aux antipodes des schémas de gouvernance hérités de la colonisation. Les guerres intraétatiques africaines de ces dernières décennies sont révélatrices de la confusion qui caractérise le champ politique sur le continent. Ces conflits revêtent des visages multiples et mobilisent des acteurs dont les forces miliciennes qui se démarquent par leurs stratégies, mais surtout par leurs profils : mercenaires nationaux et internationaux, dozo, groupes d’autodéfense à relent ethnique ou tribal… Au regard des récentes évolutions de l’actualité en Afrique de l’Ouest notamment, on peut constater que les Etats sont en proie à des difficultés susceptibles d’engendrer une nouvelle instabilité générale dans la région. Ces difficultés sont en lien avec les tensions politiques internes autour de l’organisation des élections et le risque de désintégration de l’Etat au Mali et au Burkina Faso face à la montée du djihadisme. En plus de ces deux problèmes majeurs, des problèmes plus anciens demeurent et alimentent les tensions sur le plan régional et local. Il s’agit des problèmes liés à l’accès aux ressources, à la pauvreté, aux migrations et aux conflits communautaires.

L’axe 4 « Prospective des compétitions politiques, de la mobilisation de milices et anticipation des guerres » a pour but d’étudier la manière dont les crises africaines s’articulent et d’analyser les leviers sur lesquels agir pour pacifier durablement nos Etats au moment où ceux-ci semblent être entrés dans un nouveau cycle d’instabilité sociopolitique depuis la déstabilisation de la Libye en 2011.